Il faut compenser l'absence par le souvenir. La mémoire est le miroir où nous regardons les absents. Joseph Joubert

jeudi 7 avril 2011

ROBERT-ESPAGNE (3)

Mon analyse et mon intime conviction.
La campagne de 1940 a fait peu de victimes et de destructions, le nombre de prisonniers de guerre et de travailleurs requis pour le Service du travail obligatoire est resté faible, tout comme celui des déportés…Jusqu’à la fin du mois d’août 1944, la présence militaire allemande est elle-même très réduite, seuls quelques ''vieux '' soldats gardant ici et là des poste de contrôle aux abords de la voie ferrée Revigny- St-Dizier. En définitive, fin août, la population attend avec une certaine sérénité et beaucoup d’espoir la libération, devenue une certitude après le débarquement en Normandie, en Provence et l’entrée à Paris le 24 août des premiers chars de la 2e division blindée du Général Leclerc, des Résistants Français ayant rejoint le Général De Gaulle à Londres, et avec l’aide de la III armée américaine. Le 25 août le gal. Von Choltitz gouverneur militaire de Paris capitulait. Alors que l’essentiel était d’attendre les libérateurs, en restant tranquille, était-il nécessaire et indispensable pour une poignée de ''résistants'' de dernières minutes de Robert-Espagne, piliers de bistrot pour la plupart, (soi-disant envoyés pour saboter un train), de faire le coup de feu sur les allemands qui gardaient le pont et le tunnel de la ligne de chemin de fer, sur le territoire de Baudonvillers. Alors que les troupes meurtrières du chancelier du 3em Reich en déroute, repartaient en toute hâte vers leur antre lointain, 51 Français de Robert-Espagne payaient de leur vie la faute d’une poignée d’inconscients. Par qui ces huit pseudo-résistants étaient-ils commandés ? De quel réseau faisaient-ils partie ? D’où venaient les armes utilisées pour tirer sur ces soldats allemands ?  Autant de questions laissées sans réponses par le rapport établi le 12 avril 1945 par Léon Hurel Maréchal des Logis Chef de gendarmerie, commandant la brigade de Robert-Espagne ? Il y avait plusieurs réseaux de résistants à Saint-Dizier ''Réseau Communiste Mauguet'' et '' Réseau Maquis du Val''. (Raoul Laurent qui commandait le réseau Maquis du Val est devenu Maire de Saint-Dizier, ceci est la preuve qu’il s’agissait d’un réseau sérieux). Ces huit pseudo-résistants de Robert-Espagne ne faisaient hélas en aucun cas partie de ces réseaux. Il est écrit (au conditionnel) dans la brochure de la Société des Lettres, science et Arts de Bar le Duc en 1999, «que ce groupe de résistants dépendait du commandant Langlois, un des responsables de la résistance à Bar le Duc» ? Rentrés au village entre 9h30 et 11h45 après leur ''beau fait d’armes'', ces ''résistants'', n’ont pas oublié de fuir pour se cacher dans les bois quand ils ont appris que l’on rassemblait les hommes du village, ils auraient peut-être pu aller sur le lieu de rassemblement afin de tenter de sauver ces pauvres et innocentes futures victimes, cause de leur égarement, cela aurait été grandiose de leur part. Mais il leur aurait fallu en ce cas, beaucoup plus de courage !... Ces ''résistants'' qui, le 28 août 1944 selon les dires de Madame TABARY Olga veuve d’une victime, interrogée par les gendarmes, sont venus se ravitailler chez elle, et leur ayant demandé s’ils ne craignaient pas de tomber sur une patrouille allemande, l’un d’eux lui a répliqué : «nous en avons bousillé un hier soir» donc le 27 août. Où a-t-il été tué cet allemand ? Qu’est devenu son corps ? L’enquêteur n’a même pas posé de questions aux pseudo-résistants sur cet épisode, était-ce de la vantardise de la part de ces inconscients? Voici beaucoup d’interrogations qui ne seront plus jamais élucidées. Ces ''résistants'' qui revenaient au village après la tragédie et plusieurs jours de fuite dans les bois, avec des brassards neufs et propres (un des signes qui me fait dire qu’il s’agissait de résistants de dernières minutes), ce genre de résistants qui poussent comme des champignons après un orage. Il est bien entendu que je ne mets pas tous les résistants de France à la même enseigne. Ceux du Vercors étaient mieux structurés, de même que ceux de la SNCF, ou de St.Dizier, et encore bien d’autres, plus sérieux que ceux de Robert-Espagne. Je pense que tous ces meurtres auraient pu être évités sans l’action stupide de ces excités, qui ont coulés pour certains une vie tranquille et sans rendre compte de leur geste, dans notre village. Ils ont eu quand même 51 homicides sur la conscience, peut-être que pour certains, le sommeil par la suite a du être difficile à trouver, cela n’aura été hélas que leur seul châtiment !...  Je pense que les auteurs des massacres du 29 août 1944 et la bande  de pseudo-résistants citée plus haut se partagent une lourde responsabilité. Après Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), Maillé (Indre et Loire), Tulle (Corrèze) et Ascq (Nord), la tuerie de la vallée de la Saulx figure parmi les cinq grands massacres commis en France par des soldats allemands en 1944. Alors que les premiers sont l’œuvre des SS, celui des quatre villages meusiens a été commis par des militaires de la Wehrmacht. 
Jean Pierre FRAICHE




Père de Jean Pierre FRAICHE initiateur du présent blog 








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